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Publié par Françoise

 


 

 

  Institut-de-France.jpg

 

 

Pourquoi un article sur cette vénérable institution ? J'ai entendu ce matin à la radio, Hélène Carrère-d'Encausse parler de son dernier ouvrage sur l'Académie française :  "Des siècles d'immortalité - l'Académie française 1635-", dont elle est secrétaire perpétuelle et les souvenirs de ma jeunesse me sont revenus.

 

 

     

La bibliothèque de l'Institut regroupe les bibliothèques des cinq académies :

Plan Turgot

  1. Académie française (fondée en 1635)
  2. Académie des Inscriptions et belles-lettres (fondée en 1663)
  3. Académie des sciences (fondée en 1666)
  4. Académie des sciences morales et politiques (fondée en 1795, supprimée en 1803, rétablie en 1832)
  5. Académie des beaux-arts (fondée en 1816 par la réunion de l'Académie de peinture, sculpture, musique et architecture)

 

     

 salle de lecture     

J'avais presque 19 ans quand je suis entrée à la Bibliothèque en mai 68, nommée par l'Education Nationale, après avoir passé six mois à l'Ecole Nationale de Chimie qui était à l'époque rue du Banquier dans le 13e arrondissement de Paris.

J'étais sensée faire un remplacement de quelques mois et j'y suis restée 8 ans. J'ai démissionné à la naissance de ma fille.

 

 

 

photo histoireL'Institut de France est située quai Conti,face à la passerelle des Arts et j'habitais à Charenton-le-Pont.  En pleines grèves, sans transports et sans essence, j'ai dû attendre deux semaines pour prendre mon poste.

Nous étions quatre filles à peu près du même âge et la secrétaire de notre conservateur en chef, dans une grande salle, pour le personnel administratif.

Dans la salle de lecture, il y avait les sous-bibliothécaires, les bibliothécaires, les conservateurs et les gardiens, chacun de nous avait un bureau placé dans le renfoncement des fenêtres, seule notre "patronne" comme nous l'appelions, Madame Hautecoeur, conservateur en Chef, avait son bureau personnel, situé entre la salle de lecture et notre salle.

     

Après avoir fait mes preuves en tapant à la machine les fiches des conservateurs, j'ai été chargée de refaire le catalogue des périodiques. Il était composé de grandes fiches cartonnées manuscrites placées dans des boîtes en bois, classées par ordre alphabétique. Je prenais chaque fiche puis allais en rayon dans "les magasins" vérifier les collections, puis je tapais sur des petites fiches cartonnées le résultat de mes trouvailles, le tout approuvé par un conservateur. Maintenant tout doit être informatisé.

Je me souviens que nous nous équipions d'une blouse pour manipuler les ouvrages qui étaient très poussiéreux.

Nous travaillions que pendant les heures d'ouverture de la bibliothèque de midi à dix-huit heures, on faisait une pause thé à quinze heures, dans notre salle, c'était nous, les jeunes, qui étions chargés de faire le thé suivant la tradition anglaise, on versait un franc par semaine pour acheter boîtes de gâteaux et thé que nous allions choisir dans une boutique ancienne rue des Saint-Pères. Tout le personnel venait goûter sans exception.

 

 

Parmi mes autres attributions, je remplaçais la secrétaire quand elle était absente  et avec ma 4cv noire, je servais aussi de chauffeur à Monsieur Hautecoeur, mari de notre patronne qui était secrétaire perpétuel de l'Académie des Beaux-Arts, pour le conduire à l'Hôtel de Ville de Paris où il siégeait à des commissions. C'était un monsieur de près de 90 ans pour qui je tapais aussi ses manuscrits après, sous sa dictée, les avoir pris en sténo dans son bureau qui était situé dans leur appartement à l'Institut où ils étaient logés.

Pour y aller, il fallait traverser les magasins qui contournaient l'horloge, on pouvait voir encore dans certaines salles, le papier peint du temps du collège des quatre Nations.

  photo-derriere-la-pendule.jpg

La Bibliothèque est placée sous l'autorité du chancelier de l'Institut de France. A mon époque, c'était Jacques Rueff, membre de l'académie des sciences morales et politiques et de l'Académie Française où il occupait le fauteuil 31, avant lui occupé par Jean Cocteau et après lui Jean Dutourd. En tant que chancelier, il a succédé à André François-Poncet qui a démissionné le 20 février 1964 et c'est Edouard Bonnefous qui lui a succédé le 16 mai 1978, mais j'étais déjà partie.

  2eme-cour.jpg

Des fenêtres qui donnaient dans la deuxième cour, nous pouvions assister à l'arrivée des membres de l'Institut et leurs familles lors des réceptions sous la coupole. Je me souviens particulièrement de celle de Jean d'Ormesson en octobre 1973, il était beau et bronzé, souriant et surtout jeune par rapport à ses collègues, il n'avait que 48 ans. Je me souviens aussi de Marcel Achard toujours accompagné de son épouse que nous reconnaissions de loin avec ses cheveux roux "poil de carotte",  parmi les lecteurs les plus assidus à la bibliothèque nous côtoyions régulièrement, Thierry Maulnier, Henri Troyat, Jean Mistler, Pierre Gaxotte, Jean-Jacques Gautier et puis tant d'autres aujourd'hui disparus ...

  

Lors des cérémonies, les académiciens passaient par la salle de lecture puis, enpremiere-cour.jpg cortège, empruntaient un escalier qui les menait sous la coupole, encadrés par un détachement de la Garde Républicaine, placé par deux sur chaque marche de cet escalier où il rendait les honneurs sous un roulement de tambours très impressionnant. Il était évident que nous évitions de travailler dans la salle de lecture ces jours là. Par contre nous avions le droit, cachés dans l'escalier, d'écouter silencieusement leurs discours.

  

 

    A la bibliothèque, il y avait aussi un autre rituel, "la patronne" choisissait chaque jour, sauf le jeudi, trois ou quatre de "ses filles", comme elle nous appelait, pour fumer avec elle dans le salon de conversation des académiciens, il fallait quitter la bibliothèque qui débouchait sur le vestibule pour en face, pénétrer dans ce salon, à la suite il y avait la grande salle des séances où siégeaient les autres académies puis la salle des séances ordinaires de l'Académie française, ces séances avaient lieu le jeudi. Elles étaient consacrées au travail du dictionnaire ainsi qu'aux élections de leurs membres. ramassage-des-bulletins-lors-d-un-scrutin.-L-urne-servait-e.jpg


  Sources :

L'Académie française, Pierre Gaxotte, Hachette, 1965

La Vieille Dame du Quai Conti, Duc de Castries, Librairie Académique Perrin, 1978

Paris aux cent village n° 32, avril 1978  

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