Sainte Catherine
La grand-mère paternelle de notre petite-fille nous a montré une collection de cartes postales datant des années 1920, adressées aux jeune filles de la famille pour la Sainte-Catherine. En effet les filles âgées de plus de 25 ans recevaient une carte de leur entourage, qui leur souhaitait de trouver un mari dans l'année. Il y a même un poème, découpé dans le journal local de l'époque, probablement le Bien Public de Godefroy Boutard.
Cette tradition est maintenant complètement dépassée puisque aujourd'hui l'âge moyen du premier mariage des femmes est de 31 ans, d'après l'INSEE.
"A la Sainte-Catherine, tout bois prend racine"
La légende
Née à Alexandrie au sein d'une famille noble, Sainte Catherine se convertit au christianisme à la suite d'une vision.
Jésus, ému par sa ferveur, contracte avec elle un mariage mystique sous les yeux de Marie et de la Cour céleste.
Elle avait été élevée dans la connaissance des sciences et des arts et elle fréquentait poètes et philosophes. L'empereur romain Maxence, de passage à Alexandrie, ordonna à tous ses sujets d'offrir des sacrifices aux idoles. Catherine se rendit alors devant l'empereur et lui proposa une discussion. Celui-ci, craignant cet affrontement, convoqua cinquante philosophes mais Catherine sut parfaitement réfuter toutes leurs objections.
Emprisonnée puis jetée dans une machine infernale, elle fut sauvée par un ange. Mais l'empereur finit par la faire décapiter ainsi d'ailleurs que sa propre épouse qui avait osé prendre la défense de la jeune fille. Avant de mourir, Catherine demanda à Dieu d'exaucer tous ceux qui le prieraient par son intercession et de les conduire tous au paradis. Tout ceci a été écrit en grec au IXème siècle et aucun témoignage antérieur n'a été retrouvé.
De la légende à la tradition
Cette tradition rurale remonte au Moyen Age. A cette époque, la jeune femme, la plus âgée ou la plus émérite, coiffe la sainte d’une couronne ou d’un voile. A 25 ans, elle plante une épingle sur la statue de la sainte, cela signifie qu’elle quitte le groupe des filles à marier. A 30 ans, une deuxième épingle souligne une période de marge. A 35 ans, la pose de la dernière épingle marque l’entrée dans la classe des vieilles filles, l’espoir de se marier est définitivement perdu.
Au XIXème siècle, la coiffe est transférée de la sainte à la jeune femme elle-même. La coiffe devient chapeau. La fête s’urbanise.
Depuis le début du XXème siècle, c’est un chapeau aux couleurs vert et jaune, symboles de la connaissance pour le vert et de la foi pour le jaune, de l’union et de l’espoir du mariage, que portent les jeunes femmes appelées alors « catherinettes ». Ce couvre-chef est surmonté d’objets représentant la personnalité et/ou les activités professionnelles et privées de la jeune fille. Le chapeau, avec ces attributs, est confectionné par ses proches. L’imagination a donné naissance à une multitude de chapeaux de catherinette réalisés en secret et offerts lors de moments festifs dans l’entreprise La dévotion à Sainte Catherine se répandit partout et bien des détails furent encore ajoutés à une vie déjà bien extraordinaire. Les confréries de jeunes filles la vénéraient particulièrement et elles avaient le privilège de s'occuper de sa statue. Mais celles qui se mariaient devaient quitter la confrérie et laisser aux autres le soin de " coiffer sainte Catherine".
Chaque année, à cette époque, dans le deuxième arrondissement de Paris, les jeunes filles venues des écoles de mode parisiennes sont nombreuses à s'y rassembler. Une cérémonie a lieu à l'église. Après la bénédiction finale, un cortège se dirige vers la statue de la sainte qui orne l'angle des rues des Petits-Carreaux et de Cléry. Quelques Catherinettes, aidées d'une échelle de pompiers, montent jusqu'à la statue pour orner la tête de la sainte d'une couronne. Ensuite, à la mairie de l'arrondissement, un jury composé de professionnels de la mode se rassemble pour remettre un prix aux "coiffures" qu'il juge les plus admirables.
Sources : musée du chapeau