LES TRADITIONS DE PAQUES
Il n'est si gentil mois d'avril qui n'ai son manteau de grésil
Les gâteaux de Pâques selon nos régions
Si à Pâques la couronne garnie d'oeufs colorés était partout répandue, chaque région française possédait aussi son gâteau traditionel.
- En Savoie, on dégustait la "soupe dorée" : des tranches de pain blanc trempées dans du lait et des oeufs puis dorées au beurre dans une poêle.
- En Touraine on fabriquait des gâteaux en forme de fer à cheval.
- En Lorraine, on dégustait des brioches tressées et, dans l'Yonne, des craquelins de forme carrée.
- Il y avait aussi les fougassons en Auvergne, les niflettes (tartelettes garnies de fromage blanc) en Bourgogne, les darioles (tartelettes fourrées) à Reims, et bien d'autres encore...
Les oeufs de Pâques
Symbole de vie et de renaissance le plus universel et le plus vieux, l'oeuf est associé à de nombreux rituels.
Avant le christianisme, les Egyptiens, les Perses, les Chinois avaient pour habitude de teindre les oeufs et de les offrir à leurs proches au printemps pour symboliser le renouveau de la vie, que cela coïncide ou non avec une fête religieuse. En Ukraine également, dès la Préhistoire dit-on, l'acte de décorer les oeufs était rituellement associé à la venue du printemps.
Mais pourquoi des oeufs à Pâques ?
Dans le monde chrétien, l'oeuf, berceau de la vie, évoque la
résurrection du Christ. Mais la tradition de donner des oeufs au moment de Pâques a une explication beaucoup plus réaliste : l'Eglise ayant interdit la consommation d'oeufs durant le carême, soit quarante jours avant Pâques, il fallait bien utiliser la grande quantité d'oeufs qui résultait de cette période de jeûne. Car les poules, sourdes aux mots d'ordre de l'Eglise, continuaient de pondre ! Ceux qui possédaient un vaste poulailler devaient en donner pour qu'ils ne se perdent pas. Il devint habituel d'offrir aux voisins, à la famille, aux amis, un panier d'oeufs que l'on prenait soin de décorer.
Sous l'Ancien Régime, à l'issue de la messe de Pâques, on offrait au roi des corbeilles d'oeufs dorés ; celui-ci les distribuait à l'assistance. On dit que Louis XIV fit parvenir à Melle de La Vallière un oeuf de Pâques contenant un morceau de la vraie Croix. Quant à Louis XV, il distribuait à ses courtisans des oeufs gravés ou peints.
Les peintres Watteau, Boucher et Lancret en décorèrent qui devinrent de véritables oeuvres d'art, annonçant les oeufs précieux créés par le bijoutier Fabergé (1846-1920).
Les oeufs ne sont pas tous des bijoux hors de prix : Bien vite, l'oeuf de Pâques devint gourmandise : sous l'Empire, on offrait aux élégantes des oeufs en sucre candi ornés de fanfreluches et garnis de friandises. L'oeuf en chocolat était tout proche...
Collecte d'oeufs en avril 1944
Au printemps 1944, le Secours National organisait, en Côte d'Or, une collecte d'oeufs pour les enfants de Dijon comme en témoigne le communiqué suivant :
"Vous ferez valoir dans vos communes que les enfants des villes, Dijon en particulier, n'ont pas eu d'oeufs depuis Décembre... ceux qui leur seront donnés ces jours prochains leur seront une véritable gourmandise. Vous penserez aux cris de joie et aux yeux brillants de convoitise quand les oeufs, si appréciés, leur seront servis, grâce à vous et aux petits écoliers des campagnes qui auront fait le ramassage sous la direction de leurs dévoués maîtres.
Tous nos collaborateurs bénévoles, en l'occurence, penseront aux jeunes et futures mamans qui profiteront aussi dans les "Goûters des Mères" de cette bienfaisante distribution. Chacun, depuis le donateur, aura le sentiment d'avoir bien agi.
Nous devrions, cette année, faire beaucoup mieux que l'an passé avec 11 010 unités ; car certaines communes n'avaient pas répondu à notre appel ; il faut que chaque canton s'inspire des exemples de Pouilly-en-Auxois avec 3 000 oeufs (au lieu de 2 000 indiqués par erreur dans notre dernière circulaire), 2 000 envoyés à Dijon et 1 000 à Beaune, et de Saint-Jean-de-Losne avec 2 952. Une mention particulière à la commune d'Arconcey, arrivée en tête au classement par commune.
Si chque canton de notre Côte d'Or nous en fournissait autant, c'est environ 120 000 oeufs que nous pourrions compter... Notre joie serait grande de pouvoir gâter tous nos habitués, etnous pourrions alors, vi-à-vis de notre Siège, faire figure de département particulièrement généreux, au même titre que les Côtes-du-Nord avec 568 316 oeufs, Ille-et-Vilaine avec 243 377 oeufs, Finistère avec 178 909 oeufs".
Le lundi de Pâques
Le lundi de Pâques a longtemps été l'occasion de réjouissances autant sacrées que profanes.
Outre les pèlerinages dans les chapelles locales, il était coutume, ce jour-là, d'aller déjeuner sur l'herbe si le temps le permettait. Durant cette journée associée à la jeunesse et à la vigueur - la nature étant, à cette saison, en pleine renaissance - les jeunes hommes de certaines régions (Centre et Charente notamment) s'affrontaient au cours de combats de coq et de jeux équestres.
Almanach des traditions et de la gourmandise, 2007
Almanach d'hier et d'aujourd'hui, 2003
L'almanach du Bourguignon, 2005 Lucien Taupenot